Interview de Laurent Baridon, scientifique et professeur d’histoire de l'art contemporain, Université Lyon 2, responsable de l'axe Atelier Images-sons-mémoires et de Sophie Raux, professeure d'histoire de l'art moderne, Université Lyon 2, directrice du Laboratoire de Recherches Historiques Rhône Alpes (LARHRA)
Quel est votre ressenti sur cette première période d’accompagnement de candidature ? Comment l’avez-vous vécue ?
Nous avons eu le sentiment d’un accompagnement solide, efficace, qui nous a confortés dans l’idée de monter ce congrès à Lyon. Au départ, c’était plutôt hasardeux de monter un congrès d’une telle ampleur dans la ville. Grâce à vous et à votre équipe, on s’est sentis épaulés. On nous a présenté les différentes étapes qu’il était important d’avoir en tête.
La visite du Centre des Congrès a été importante pour nous aider à visualiser non seulement les espaces mais aussi ce qui allait s’y passer. Cela nous a aidés à concevoir les temps forts qui auraient lieu pendant le congrès. On a imaginé des choses que l’on n’avait pas envisagées avant. Nous avons reçu une oreille très attentive sur l’échéancier des acomptes car nous sommes une université avec moins de souplesse qu’une entreprise privée.
Qu’est-ce qu’il vous reste à faire aujourd’hui ?
Nous avançons régulièrement avec le Comité français d’histoire de l’art. Nous sommes en train de finaliser le comité scientifique international. Le CFHA prépare l’information sur son site web. Au niveau international, nous sommes en contact étroit avec le comité international. Nous devions aller à Sao Paulo en septembre dernier pour faire l’annonce du congrès de Lyon, mais malheureusement, le congrès brésilien a été reporté et sa tenue est encore incertaine en raison de la crise de la Covid.
Du point de vue logistique, la prochaine étape est de passer la main à un PCO. Pour l’instant, nous ne sommes pas encore décidés, mais cela ne va pas tarder. Le modèle économique est peut-être à reconsidérer. Nous devons y penser maintenant (système hybride ou pas, impact sur l’aspect financier).
Nous nous félicitons du thème que nous avons choisi "Matière et matérialité", car ce sujet tombe très bien. Cela rejoint les problèmes environnementaux actuels, liés aux ressources et aux enjeux de la dématérialisation. Travailler à distance peut être positif pour l’environnement. Mais pour les historiens de l’Art, regarder les œuvres à travers des écrans a un impact sur notre manière de percevoir les choses. Il y aura dans notre congrès des sessions sur la situation actuelle et ce qu’elle induit dans nos pratiques.
Quels ont été les points qui ont pu faire pencher la balance pour votre candidature et pour Lyon ?
Tout d’abord, il est question d’équilibre entre hémisphère nord et hémisphère sud. Pour 2024, c’était le tour de l’hémisphère Nord. Notre candidature a plu pour plusieurs raisons. Le thème a été bien reçu et Lyon a convaincu également : les historiens de l’art sont particulièrement sensibles au patrimoine architectural, historique de la ville, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la richesse des musées, et aussi le rayonnement des laboratoires de recherche, de l’université lyonnaise qui est connue au niveau international. La facilité d’accès a été un point fort également. Enfin, le Centre de Congrès que nous avons pu montrer en image a beaucoup plu. Il faut dire que c’est un beau centre de congrès, bien pensé avec une belle architecture, à côté du Parc de la Tête d’Or. Tout cela a séduit aisément le Bureau International.
Quels conseils donnez-vous aux futurs organisateurs ou candidats ?
Il faut penser à pouvoir basculer facilement sur des systèmes hybrides en situation de blocage. Cela rassurerait tout le monde.
Pourquoi vous êtes-vous positionnés dans l’organisation de ce congrès ?
Nous aimons les défis. C’est une manifestation qui dépasse en volume ce que nous avons l’habitude de faire. Savoir que l’on va être les chefs d’orchestre d’un tel événement a aussi un côté grisant. Contribuer à faire dialoguer des historiens de l’art qui ne se rencontrent jamais est aussi une fierté : des Chinois, des Indiens, des collègues d’Amérique du sud et du nord, d’Europe, des Russes, qui vont échanger sur des thématiques qu’ils partagent mais avec des approches et des cultures différentes, constitue un enjeu passionnant. C’est vraiment le côté stimulant de cette rencontre qui nous tient et qui fait oublier le travail que cela représente. Au-delà de notre propre "bénéfice", nous pensons que cela fait avancer la discipline.
Il y a eu des congrès du CIHA qui ont été historiques, nous espérons que celui de Lyon fera date. Nous espérons que ce ne sera pas simplement une rencontre agréable, mais qu’elle débouchera sur des avancées méthodologiques, épistémologiques pour notre discipline.
Enfin, nous souhaitons contribuer au prestige de notre université, renforcer les liens entre universités et musées (trop éloignés en France, c’est une spécificité nationale), voir des retombées sur le dynamisme de l’histoire de l’art en région et, enfin et surtout, c’est une formidable expérience pour nos étudiants qui pourront s’investir dans cette aventure et rencontrer les meilleurs spécialistes de la discipline.
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